Persistance dans les sols et présence dans les cultures non-traitées - L’utilisation du « mini-Kiosque aux indicateurs » pour la mise en évidence des enjeux de qualité de la connaissance scientifique dans le débat social
[1994] En dépit d’une demi-vie (ex. : 188±25 jours sur sol sableux-limoneux, 249±50 jours sur sol limoneux ultra-fin) qui dépassait largement les normes européennes (90 jours), Bayer avait reçu l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour le Gaucho®. Cet acteur ne choisit pas cet indicateur pour donner ses jugements dans la Matrice de Délibération.
[1997 – 2004] L’évaluation de la documentation disponible par la Coordination des Apiculteurs (GVA, 2001) conclut aussi sur une persistance du Gaucho® dans les sols (~10 ppb), qui permet sa reprise les années suivantes dans les plantes non-traitées de tournesol à des taux similaires à ceux présents dans les plantes traitées. Ce constat est un argument fort en faveur de l’arrêt de tous les usages de l’imidaclopride, action qui est considérée favorable non seulement à l’abeille mais à l’environnement en général (Figure 1, Figure 2).
Figure 1. Commentaires sur l’indicateur « Persistance », par les Apiculteurs. Valeur du même indicateur pour la cellule Api x Politique x Maintenir
Figure 2. Valeur de l’indicateur « Persistance », pour la cellule Api x Bioindicateur x DefTourMaïs
La Commission des Toxiques confirme la demi-vie de 2 à 3 fois plus grande que celle acceptée par la Directive européenne (Belzunces et Taseï, 1997). Toutefois, le droit français permet que, en dépit de la demi-vie de la molécule dans le sol, elle puisse être autorisée s’il est « établi scientifiquement que…l’accumulation dans le sol est insuffisante pour provoquer une teneur inacceptable en résidus pour les cultures ultérieures et qu’il ne se produit pas… d’impact inacceptable sur les espèces non visées ». Dans le processus d’homologation, l’ambiguïté de « l’acceptabilité » avait incliné la balance en faveur de Bayer. Comme pour les autres indicateurs scientifiques, la « Persistance » reçoit des jugements neutres ou indécis (jaune ou blanc) du Ministère de l’Agriculture. Une exception, qui montre que cet acteur accepte néanmoins les valeurs produites par la Commission des Toxiques et reconnaît l’importance de cette caractéristique de l’imidaclopride pour l’environnement, est son jugement pour l’enjeu « Abeille-bioindicateur », dans le scénario « Retirer définitivement l’AMM pour l’usage de l’imidaclopride en enrobage du tournesol et du maïs » (Figure 3, Figure 4, Figure 5).
Figure 3. Commentaires sur l’indicateur « Persistance », par le Ministère de l’Agriculture. Valeur du même indicateur pour la cellule MinAgri x Bioindic x DefTourMaïs
Figure 4. Valeur de l’indicateur « Persistance », pour la cellule MinAgri x Bioindic x Maintenir
Figure 5. Valeur de l’indicateur « Persistance », pour la cellule MinAgri x Bioindic x StopTousUsages
Dans la recherche publique, l’hypothèse émise à partir des études de 1998, sur la persistance de l’imidaclopride dans le sol et sa présence dans les cultures non-traitées, mais qui avaient poussé sur des sols aux antécédents culturaux Gaucho®, est confirmée en 2000 (Bonmatin et al., 2000, in GVA, 2000). La connaissance disponible aujourd'hui atteste la présence d'imidaclopride dans les sols, ayant été le support de cultures de tournesol traité Gaucho®, à des teneurs moyennes de 10,25 ppb l’année du prélèvement et 4,4 ppb l’année suivant le traitement (CST, 2003). Pour cette raison, les chercheurs utilisent cet indicateur pour l’enjeu « Abeille-Bioindicateur » et portent un jugement négatif pour tous les scénarios sauf « Retirer l’AMM pour tous les usages agricoles de l’imidaclopride » (Figure 7, Figure 8).
Figure 7. Valeur de l’indicateur « Persistance », pour la cellule ScientifPublic x Bioindic x DefTourMaïs
Figure 8. Valeur de l’indicateur « Persistance », pour la cellule ScientifPublic x Bioindic x StopTousUsages